LE BOURG DE CLAIX

 

On ne peut manquer d’être saisi par l’aspect hexagonal, presque rond, encore conservé de nos jours par le bourg de Claix : le parcellaire de 1784 et, surtout, la carte de Cassini marquent encore de la manière la plus nette qui soit l’enceinte médiévale. Mais, il suffit de superposer le cadastre actuel à celui de la fin du 18ème siècle pour se rendre compte que l’apparence générale du burgus médiéval est toujours conservée.

 

On s’attachera dans un premier temps à décrire le bourg médiéval, précisant que certains de ses monuments les plus illustres (le château, le champ de foire, l’église, la Grange aux Dames) sont traités spécifiquement puis ensuite, à décrire les ouvrages modernes du bourg.

 

LE BOURG MEDIEVAL :

 

L’enceinte médiévale de Claix est parfaitement décrite dans l’enquête delphinale de 1339. On sait que le château était d’abord entouré d’une première enceinte de 157 m de circonférence ; celle-ci reste très discernable place du champ de foire, rue du Vercors et sur le coteau de Montolivet où une poterne du moyen âge est encore visible. L’enceinte proprement dite du burgus se développait au nord de la première sur une longueur de 272 m jusqu’à l’angle de l’emplacement primitif de l’église paroissiale. On peut estimer le périmètre de cette seconde enceinte à 620 m ce qui représente une superficie enclose d’un peu plus d’un hectare. Celle-ci, haute de près de 8 m, large de 1,20 m était percée de trois portes et d’une poterne. Seul le nom de l’une de ces portes nous est connu : la porte du Rif (Rif Talon ?) citée dans une reconnaissance du 4 février 1269. C’est dire que l’enceinte existait déjà avant la fin du 13ème siècle. On en trouve d’ailleurs une mention un peu antérieure dans une inféodation de 1266 qui mentionne une vigne « près des fossés ». Une autre mention de ces « fossés » est faite en novembre 1404 et une dernière apparaît au parcellaire de 1693 citant « les fossés du vieux château ».

 

Cette enceinte a aujourd’hui disparu mais sa trace fossile reste particulièrement nette notamment dans la partie est de la rue Jean Moulin et au nord est de la rue du Vercors lesquelles ont toutes deux été édifiées sur les fossés du burgus.

 

On peut néanmoins voir encore quelques restes de cette enceinte aux « escaliers de faïence », rue du 11 novembre jusqu’à l’angle de la rue Pasteur et dans la courbure des maisons de la rue Jean Moulin.

 

Les escaliers dits « de faïence » semblent avoir été construits sur la partie sud des fossés du burgus : leur origine n’est pas connue et le parcellaire de 1784 se borne à indiquer « les escaliers qu’on appelle vulgairement de Fayance ». On notera une appellation identique d’escaliers à Varces. Rien à voir donc avec la faïence. Ceux de Claix furent reconstruits en 1842-1843 selon une délibération municipale cependant que le nom évoluait de Fayance en Faïence.

 

A deux emplacements desdits escaliers apparaissent la trace d’anciennes portes ou poternes : au bas des escaliers sur le mur nord et à leur sommet sur le mur sud. A ce dernier emplacement la partie inférieure de la porte et son seuil originels ont disparu par suite de l’élévation du niveau ancien du sol, vraisemblablement au moment de la création des escaliers qui semblent avoir succédé à une forte pente de ruelle.

 

Des 64 constructions situées intra muros il est remarquable de noter que 51 sont déjà figurées au parcellaire de 1784 ce qui donne à penser que la topographie au moyen âge ne devait guère être différente.

 

Au titre des maisons les plus anciennes et les plus remarquables on citera :

 

-       aux escaliers de faïence, une porte gothique dont le linteau était décoré en son centre d’un blason peut être martelé à la Révolution et aujourd’hui indéchiffrable : celui-ci parait relativement ancien (15ème siècle ?) et pourrait du reste avoir été remployé car les montants qui le supportent paraissent avoir été rajoutés.

-       rue Humbert II (n° 1) une très ancienne maison enclave dans d’autres demeures avec une curieuse fenêtre à meneau en bois, bouchée sur la façade nord. Elle appartenait en 1784 à François Pupil.

-       à l’angle de la rue des Lavandières (n° 13) et de la rue Humbert II, la forme particulière de la demeure laisse à penser à une ancienne tour. En 1784 elle appartenait à Antoine Giraud.

-       l’impasse entre les rues des Lavandières et Jean Moulin correspond à un passage ancien aménagé à une date indéterminée dans l’enceinte. Couvert en bois, ce passage présente dans sa partie sud une porte et une fenêtre relativement anciennes : peut être faut-il y voir l’une des portes citées en 1339 (porte du Rif ?)

-       place des Alpes, à l’angle de la rue des Lavandières  subsiste une demeure ancienne dans ses fondations et au rez de chaussée un linteau en pierre (16ème siècle ?). En 1784 celle-ci appartenait à Félix Brillat, boulanger. Deux siècles plus tard la destination de la demeure était restée la même.

-       au nord est de la Place des Alpes, à l’angle de la rue de Verdun, une maison ancienne présentait encore vers la fin des années soixante dix les restes d’une tour d’une origine médiévale probable ; toujours sur cette place, ancienne demeure de Michel Brun, meunier de Claix en 1784 avec fenêtre moulurée pouvant induire une origine médiévale et, à droite de la « lanterne », très belle ouverture gothique de porte remise au jour récemment

-       une ruelle non dénommée joignant l’actuelle place des Alpes à la rue de la Liberté montre encore les apparences de ce que devaient être les ruelles du Claix médiéval intra muros : étroites et aveugles, sur la façade est de l’ancienne maison qui appartenait à Pierre Paillot à la fin du 18ème siècle on voit encore une niche, maintenant maçonnée, qui devait abriter une statue

-       la rue de Verdun, ancienne Grande Rue du Bourg, offre encore des éléments architecturaux anciens : encadrements de portes, de fenêtres, structure des murs. C’était là, avant la Révolution, un quartier animé composé d’une « maison d’hoste » (ancienne maison Barral aux n° 8 bis et 10)) avec arc gothique tardif sur un encadrement plus tardif et d’un cabaret, au n° 9, une demeure avec belles moulures de portes et de fenêtres  et au n° 17, demeure sur trois niveaux d’élévation et beau balcon en ferronnerie qui faisait partie en 1784 des dépendances de la grande propriété Bonnety (Clos du Château)

-       les demeures du n° 1 au n° 31 de la rue Jean Moulin, à l’emplacement de l’enceinte avec, notamment, un passage couvert au n° 7 et aux n° 3 et 5 un escalier avec une belle porte

-       la maison curiale, à l’angle de la rue de Verdun et de la place des Alpes, d’origine inconnue, est sans doute d’origine très ancienne. Elle conserve, coté rue Pasteur, une porte avec une accolade gothique et sur la rue de Verdun, des petites fenêtres grillagées. Au 17ème siècle, elle appartenait à messire Giroud, lieutenant du duc de Lesdiguières ; peu avant la Révolution c’était la demeure du sieur Clapier, seul docteur en médecine de Claix. Dans l’ancien jardin du presbytère on peut voir un bassin en pierre établi le 25 Prairial de l’An XIII (14 juin 1805) et l’ancien autel de l’église fragmenté en trois parties. L’ancienne maison curiale, utilisée jusqu’à la reconstruction de l’église, comprenait alors un jardin et une basse cour : c’est aujourd’hui la MJC dont une salle conserve encore de belles voûtes très évasées

-       impasse des templiers : demeure ancienne déjà figurée sur le parcellaire de 1784, de plan rectangulaire avec élévation sur trois niveaux en pierre crépie et couverture à quatre versants ; un portail est représentatif de la seconde moitié du 18ème siècle

-       4 rue de la Liberté, maison sur trois niveaux d’élévation avec imitation de génoise sous le toit ; en face, ancienne maison de François Brun avec bassin en pierre

-       les anciens moulins delphinaux : ces moulins étaient naguère au nombre de trois. Ils sont déjà cités dans l’enquête de 1339 ce qui laisse augurer d’une origine encore plus haute. Ils étaient situés en bordure du canal de l Robine et se succédaient en ressauts successifs. Ces moulins sont ensuite régulièrement cités : 1387-1389 (comptes de Raylond de Theys), 1404 (albergement), 1435, 1605…

-       en 1784, ils appartiennent au Comte de Bardonenche et forment un ensemble : maison, moulins, fouloir, battoir, grange et jardin.

 

Au bout de l’impasse dite des Templiers, l’un de ces moulins transformé en maison d’habitation existe toujours. Un aqueduc, dérivé de la Robine, se voyait encore vers la fin des années quatre vingt.

 

Le troisième moulin était situé à hauteur de l’actuelle rue du 11 novembre (N° 19). En 1784, c’était l’un des moulins du Comte de Bardonnenche. Il semble avoir été reconstruit en partie en 1867. C’était alors le dernier des moulins de Claix qui fonctionnera jusqu’en 1958.

 

LE BOURG MODERNE :

 

Place Hector Berlioz : le Kiosque à musique hexagonal a été construit en 1934 à l’emplacement des anciennes écuries du Baron Bougault.

 

La Mairie, place Hector Berlioz : c’est un bâtiment du 19ème siècle réédifié sur une construction antérieure figurée au parcellaire de 1784. Les caves anciennes de la mairie actuelle semblent remonter à une construction antérieure. Au début du 20ème siècle c’était un hôtel, l’hôtel Michel. A cet égard,             Mme Odette Blanc, soeur de M. Marcel Michel et nièce de Joseph Michel, maire de Claix de 1900 à 1902 m’a précisé que le bâtiment avait été édifié en 1860 et que le parc qu’il comportait alors avait dessiné par « un grand architecte ». En 1944, cet hôtel logea un état major allemand. Des maquisards du Vercors auraient eu l’intention de le faire sauter mais, dit Bezegher, « la courageuse et clairvoyante intervention d’un résistant local parvient à les en empêcher évitant ainsi à toute la commune de cruelles et sanglantes représailles comme celles qui détruisirent Saint Nizier ».

 

Cimetière ancien rue du 11 Novembre :

 

On y voit notamment :

 

-       le tombeau de Mme d’Hugues de 1842 avec une croix sépulcrale en fonte et un blason et l’inscription «  ici repose Madame Marie Joséphine Eugénie d’Hugues, née de Boissieu, née à Grenoble le 14 mars 1800, décédée à Furonnières le 11 janvier 1842. Priez pour elle ».

-       le tombeau de Marie Boissieux (et non de Boissieu) originaire de Furonnières, fille d’un officier de gendarmerie qui avait épousé en janvier 1821 Jean François d’Hugues, chevalier de Malte et ex capitaine d’infanterie qui deviendra maire de Claix en 1826. Au moment de sa mort, elle résidait au château de Furonnières

-        la sépulture de la famille Lafont « de profundis 1850. Jean Baptiste Lafont, propriétaire à Claix, avait vendu à la commune le 21 septembre 1848 le terrain nécessaire à l’agrandissement du cimetière. Marié à Marguerite Victoire Charvin, il devait décéder le 23 octobre 1850

-       pierre tombale de 1822 : il s’agit de la plus ancienne sépulture avec inscription du cimetière de Claix : « ici reposent  Marie Lavauden épouse de Brun Pierre, née le 15 juin 1799, décédée à Claix le 22 octobre 1822, Brun Pierre décédé à Claix le 12 9bre 1865 à l’âge de 83 ans, Marie Vivarat Perrin, 2ème épouse, née le 6 Frimaire an 7 de la République française, décédée à Claix le 12 mars 1866, priez pour eux »

-       monument funéraire de Georges Pierre Mogniat Duclos avec inscription : « ici repose Georges Pierre Marie Joseph Mogniat Duclos, officier de cavalerie, endormi dans la paix du seigneur le 24 septembre 1906 à Furonnières ». C’était le fils de Ferdinand Mogniat Duclos, proviseur de l’Université (1823-1892) dont la tombe, moins ouvragée, est située à proximité immédiate

 

et enfin, le monument aux morts érigé en 1919 : « le Conseil décide de faire élever au cimetière un monument commémoratif pour perpétuer le souvenir des enfants de Claix morts pour la France » (délibération du CM du 14 avril 1919). La construction fut financée en partie par un reliquat de fonds provenant de la liquidation de l’hôpital militaire complémentaire installé à Claix durant la guerre de 1914-1918.