LE BOURG DE CLAIX
On
ne peut manquer d’être saisi par l’aspect hexagonal, presque rond, encore
conservé de nos jours par le bourg de Claix : le parcellaire de 1784 et,
surtout, la carte de Cassini marquent encore de la manière la plus nette qui
soit l’enceinte médiévale. Mais, il suffit de superposer le cadastre actuel à
celui de la fin du 18ème siècle pour se rendre compte que
l’apparence générale du burgus médiéval
est toujours conservée.
On
s’attachera dans un premier temps à décrire le bourg médiéval, précisant que
certains de ses monuments les plus illustres (le château, le champ de foire,
l’église, la Grange aux Dames) sont traités spécifiquement puis ensuite, à
décrire les ouvrages modernes du bourg.
LE
BOURG MEDIEVAL :
L’enceinte
médiévale de Claix est parfaitement décrite dans l’enquête delphinale de 1339.
On sait que le château était d’abord entouré d’une première enceinte de
Cette
enceinte a aujourd’hui disparu mais sa trace fossile reste particulièrement
nette notamment dans la partie est de la rue Jean Moulin et au nord est de la
rue du Vercors lesquelles ont toutes deux été édifiées sur les fossés du burgus.
On
peut néanmoins voir encore quelques restes de cette enceinte aux
« escaliers de faïence », rue du 11 novembre jusqu’à l’angle de la
rue Pasteur et dans la courbure des maisons de la rue Jean Moulin.
Les
escaliers dits « de faïence » semblent avoir été construits sur la
partie sud des fossés du burgus : leur origine n’est pas connue et le
parcellaire de 1784 se borne à indiquer « les escaliers qu’on appelle
vulgairement de Fayance ». On notera une appellation identique d’escaliers
à Varces. Rien à voir donc avec la faïence. Ceux de Claix furent reconstruits
en 1842-1843 selon une délibération municipale cependant que le nom évoluait de
Fayance en Faïence.
A
deux emplacements desdits escaliers apparaissent la trace d’anciennes portes ou
poternes : au bas des escaliers sur le mur nord et à leur sommet sur le
mur sud. A ce dernier emplacement la partie inférieure de la porte et son seuil
originels ont disparu par suite de l’élévation du niveau ancien du sol,
vraisemblablement au moment de la création des escaliers qui semblent avoir
succédé à une forte pente de ruelle.
Des
64 constructions situées intra muros il est remarquable de noter que 51 sont
déjà figurées au parcellaire de 1784 ce qui donne à penser que la topographie
au moyen âge ne devait guère être différente.
Au
titre des maisons les plus anciennes et les plus remarquables on citera :
-
aux
escaliers de faïence, une porte gothique dont le linteau était décoré en son
centre d’un blason peut être martelé à la Révolution et aujourd’hui
indéchiffrable : celui-ci parait relativement ancien (15ème
siècle ?) et pourrait du reste avoir été remployé car les montants qui le
supportent paraissent avoir été rajoutés.
-
rue
Humbert II (n° 1) une très ancienne maison enclave dans d’autres demeures avec
une curieuse fenêtre à meneau en bois, bouchée sur la façade nord. Elle
appartenait en 1784 à François Pupil.
-
à
l’angle de la rue des Lavandières (n° 13) et de la rue Humbert II, la forme
particulière de la demeure laisse à penser à une ancienne tour. En 1784 elle
appartenait à Antoine Giraud.
-
l’impasse
entre les rues des Lavandières et Jean Moulin correspond à un passage ancien
aménagé à une date indéterminée dans l’enceinte. Couvert en bois, ce passage
présente dans sa partie sud une porte et une fenêtre relativement
anciennes : peut être faut-il y voir l’une des portes citées en 1339
(porte du Rif ?)
-
place
des Alpes, à l’angle de la rue des Lavandières subsiste une demeure ancienne dans ses
fondations et au rez de chaussée un linteau en pierre (16ème
siècle ?). En 1784 celle-ci appartenait à Félix Brillat, boulanger. Deux
siècles plus tard la destination de la demeure était restée la même.
-
au
nord est de la Place des Alpes, à l’angle de la rue de Verdun, une maison ancienne
présentait encore vers la fin des années soixante dix les restes d’une tour
d’une origine médiévale probable ; toujours sur cette place, ancienne
demeure de Michel Brun, meunier de Claix en 1784 avec fenêtre moulurée pouvant
induire une origine médiévale et, à droite de la « lanterne », très
belle ouverture gothique de porte remise au jour récemment
-
une
ruelle non dénommée joignant l’actuelle place des Alpes à la rue de la Liberté
montre encore les apparences de ce que devaient être les ruelles du Claix
médiéval intra muros : étroites et aveugles, sur la façade est de
l’ancienne maison qui appartenait à Pierre Paillot à la fin du 18ème
siècle on voit encore une niche, maintenant maçonnée, qui devait abriter une
statue
-
la
rue de Verdun, ancienne Grande Rue du Bourg, offre encore des éléments
architecturaux anciens : encadrements de portes, de fenêtres, structure
des murs. C’était là, avant la Révolution, un quartier animé composé d’une
« maison d’hoste » (ancienne maison Barral aux n° 8 bis et 10)) avec
arc gothique tardif sur un encadrement plus tardif et d’un cabaret, au n° 9,
une demeure avec belles moulures de portes et de fenêtres et au n° 17, demeure sur trois niveaux
d’élévation et beau balcon en ferronnerie qui faisait partie en 1784 des
dépendances de la grande propriété Bonnety (Clos du Château)
-
les
demeures du n° 1 au n° 31 de la rue Jean Moulin, à l’emplacement de l’enceinte
avec, notamment, un passage couvert au n° 7 et aux n° 3 et 5 un escalier avec
une belle porte
-
la
maison curiale, à l’angle de la rue de Verdun et de la place des Alpes,
d’origine inconnue, est sans doute d’origine très ancienne. Elle conserve, coté
rue Pasteur, une porte avec une accolade gothique et sur la rue de Verdun, des
petites fenêtres grillagées. Au 17ème siècle, elle appartenait à
messire Giroud, lieutenant du duc de Lesdiguières ; peu avant la
Révolution c’était la demeure du sieur Clapier, seul docteur en médecine de
Claix. Dans l’ancien jardin du presbytère on peut voir un bassin en pierre
établi le 25 Prairial de l’An XIII (14 juin 1805) et l’ancien autel de l’église
fragmenté en trois parties. L’ancienne maison curiale, utilisée jusqu’à la
reconstruction de l’église, comprenait alors un jardin et une basse cour :
c’est aujourd’hui la MJC dont une salle conserve encore de belles voûtes très évasées
-
impasse
des templiers : demeure ancienne déjà figurée sur le parcellaire de 1784,
de plan rectangulaire avec élévation sur trois niveaux en pierre crépie et
couverture à quatre versants ; un portail est représentatif de la seconde
moitié du 18ème siècle
-
4
rue de la Liberté, maison sur trois niveaux d’élévation avec imitation de
génoise sous le toit ; en face, ancienne maison de François Brun avec
bassin en pierre
-
les
anciens moulins delphinaux : ces moulins étaient naguère au nombre de
trois. Ils sont déjà cités dans l’enquête de 1339 ce qui laisse augurer d’une
origine encore plus haute. Ils étaient situés en bordure du canal de l Robine
et se succédaient en ressauts successifs. Ces moulins sont ensuite régulièrement
cités : 1387-1389 (comptes de Raylond de Theys), 1404 (albergement), 1435,
1605…
-
en
1784, ils appartiennent au Comte de Bardonenche et forment un ensemble :
maison, moulins, fouloir, battoir, grange et jardin.
Au
bout de l’impasse dite des Templiers, l’un de ces moulins transformé en maison
d’habitation existe toujours. Un aqueduc, dérivé de la Robine, se voyait encore
vers la fin des années quatre vingt.
Le
troisième moulin était situé à hauteur de l’actuelle rue du 11 novembre (N°
19). En 1784, c’était l’un des moulins du Comte de Bardonnenche. Il semble
avoir été reconstruit en partie en 1867. C’était alors le dernier des moulins
de Claix qui fonctionnera jusqu’en 1958.
LE
BOURG MODERNE :
Place
Hector Berlioz : le Kiosque à musique hexagonal a été construit en 1934 à
l’emplacement des anciennes écuries du Baron Bougault.
La
Mairie, place Hector Berlioz : c’est un bâtiment du 19ème
siècle réédifié sur une construction antérieure figurée au parcellaire de 1784.
Les caves anciennes de la mairie actuelle semblent remonter à une construction
antérieure. Au début du 20ème siècle c’était un hôtel, l’hôtel
Michel. A cet égard, Mme
Odette Blanc, soeur de M. Marcel Michel et nièce de Joseph Michel, maire de
Claix de 1900 à 1902 m’a précisé que le bâtiment avait été édifié en 1860 et
que le parc qu’il comportait alors avait dessiné par « un grand
architecte ». En 1944, cet hôtel logea un état major allemand. Des
maquisards du Vercors auraient eu l’intention de le faire sauter mais, dit
Bezegher, « la courageuse et clairvoyante intervention d’un résistant
local parvient à les en empêcher évitant ainsi à toute la commune de cruelles
et sanglantes représailles comme celles qui détruisirent Saint Nizier ».
Cimetière
ancien rue du 11 Novembre :
On
y voit notamment :
-
le
tombeau de Mme d’Hugues de 1842 avec une croix sépulcrale en fonte et un blason
et l’inscription « ici repose Madame Marie Joséphine Eugénie d’Hugues,
née de Boissieu, née à Grenoble le 14 mars 1800, décédée à Furonnières le 11
janvier 1842. Priez pour elle ».
-
le
tombeau de Marie Boissieux (et non de Boissieu) originaire de Furonnières,
fille d’un officier de gendarmerie qui avait épousé en janvier 1821 Jean
François d’Hugues, chevalier de Malte et ex capitaine d’infanterie qui
deviendra maire de Claix en 1826. Au moment de sa mort, elle résidait au
château de Furonnières
-
la sépulture de la famille Lafont « de
profundis 1850. Jean Baptiste Lafont, propriétaire à Claix, avait vendu à la
commune le 21 septembre 1848 le terrain nécessaire à l’agrandissement du
cimetière. Marié à Marguerite Victoire Charvin, il devait décéder le 23 octobre
1850
-
pierre
tombale de 1822 : il s’agit de la plus ancienne sépulture avec inscription
du cimetière de Claix : « ici reposent Marie Lavauden épouse de Brun Pierre, née le
15 juin 1799, décédée à Claix le 22 octobre 1822, Brun Pierre décédé à Claix le
12 9bre 1865 à l’âge de 83 ans, Marie Vivarat Perrin, 2ème épouse,
née le 6 Frimaire an 7 de la République française, décédée à Claix le 12 mars
1866, priez pour eux »
-
monument
funéraire de Georges Pierre Mogniat Duclos avec inscription : « ici
repose Georges Pierre Marie Joseph Mogniat Duclos, officier de cavalerie,
endormi dans la paix du seigneur le 24 septembre 1906 à Furonnières ».
C’était le fils de Ferdinand Mogniat Duclos, proviseur de l’Université
(1823-1892) dont la tombe, moins ouvragée, est située à proximité immédiate
et
enfin, le monument aux morts érigé en 1919 : « le Conseil décide de
faire élever au cimetière un monument commémoratif pour perpétuer le souvenir
des enfants de Claix morts pour la France » (délibération du CM du 14
avril 1919). La construction fut financée en partie par un reliquat de fonds
provenant de la liquidation de l’hôpital militaire complémentaire installé à
Claix durant la guerre de 1914-1918.