LE BLASON DE CONGREGATION DE COSSEY

 

Les journées du patrimoine 2006 de Claix, notamment consacrées au trésor de l’église Saint Pierre de Claix, ont été notamment l’occasion de présenter à un public nombreux et attentif le blason de Cossey désormais restauré.

 

 

(le blason avant et après restauration : clichés J. C. MICHEL et R. BARBET)

 

Ce fort beau blason, déposé de la chapelle de Cossey en 1985, pour d’évidentes raisons de sécurité – il pendait alors sous la clé de voûte et aurait pu s’en décrocher - a été restauré au printemps 2006, grâce à la volonté de la Municipalité de Claix, par les soins d’un professionnel grenoblois, M. Frédéric BARBET. A cette occasion, il a accompli un très beau travail de rénovation et a su, notamment, restituer la tête manquante en bas à gauche  par moulage de son vis-à-vis.

Il a également éliminé les surpeints par du n-methyl 2 pyrolidone (NMP) en deux passes successives. L’élimination du premier surpeint a révélé un second surpeint de couleur rouge, très lacunaire et non original lui aussi.

Ensuite, des comblements et des bouchages ont concerné la Vierge (partie supérieure droite du visage, col de robe, globe et pan de robe), le bras gauche de l’enfant ainsi que le mollet et le talon gauche, le nez du personnage dextre et la lèvre inférieure du personnage du bas. Les bouchages ont été réalisés au mostoduc (carbonate de calcium et résine vinylique).

 

Cette superbe œuvre de nettoyage et de restauration a également été l’occasion de procéder à une interprétation un peu plus précise que celle que j’avais proposée jusqu’alors. La datation que j’envisageais – le 17ème siècle – n’a pas été remise en cause et a même été confirmée par M. Jean Pascal JOSPIN, Conservateur au Musée Dauphinois. Sa destination, par contre, est devenue un peu plus précise. Il s’agirait, selon toute vraisemblance, d’un blason de congrégation d’une confrérie ou d’un ordre religieux,  présenté originellement non en clé de voûte de la chapelle mais en relief d’applique mural, sans doute dans le chœur, mais ceci n’est toutefois pas établi avec certitude pour l’heure.

Sous réserve qu’il ait bien été commandé par une congrégation locale, on peut penser que le blason aurait pu être sculpté dans un bloc de molasse pouvant provenir d’une carrière locale et, tout particulièrement, de celle de Voreppe.

                       

Il est manifeste que la pièce a été taillée puis soigneusement polie et de ce fait, elle ne présente donc que peu de traces d’outil. La taille s’est faite en délit. Ce procédé a permis de limiter le clivage et la perte de gros éléments. Mais il a également favorisé le ciselage d’éléments plus petits comme les nez et les lèvres des personnages qui ont malheureusement pratiquement tous disparus de nos jours.

 

Tout semblerait donc dit mais Il reste toutefois à préciser désormais de quelle congrégation il s’agit et ceci est fort important. A cet égard M. JOSPIN s’est aimablement proposé pour effectuer les recherches nécessaires auprès de la Grande Bibliothèque de Paris, qui pourrait apporter des réponses à nos interrogations. S’il parvient à identifier la congrégation dont il s’agit, une interprétation des personnages représentés sur le blason sera alors sans doute possible.

 

A cet égard on ne peut, pour l’heure, que s’en tenir, avec l’avis autorisé du Musée Dauphinois, à l’interprétation qu’en faisait François CARRIER, ancien curé de Claix qui y voyait une représentation des rois d’Israël tels que la Bible nous les a vulgarisés. Sur ce point, on pourra citer, à titre d’hypothèse, Saul, le précurseur, (vers1030 avant notre ère) puis David, Salomon, Jéroboam (dont on a  depuis banalisé le nom en en faisant le symbole d’une une bouteille contenant entre 6 et 8 litres) et, enfin Robaem. Mais ceci, bien que le 17ème siècle ait été, comme on le sait, un siècle des lumières particulièrement attaché aux éléments bibliques ne saurait expliquer pour autant le lien de causalité avec Claix. De qui François Carrier pouvait-il tenir cette interprétation ? Il ne me l’a jamais confié. Cependant, l’on peut penser qu’il avait quelques idées la dessus. J’aurais aimé les connaître.

 

Quant à l’œuvre elle-même, qui mériterait à mon sens d’être classée au titre des monuments historiques (du moins au titre des objets mobiliers), on ne peut qu’établir une relation évidente avec la famille de Servien qui possédait tout à la fois Cossey et la Balme et qui considérait l’ancienne église paroissiale du lieu un peu comme une dépendance de son château, ce qui pourrait expliquer les efforts notables et constants qu’elle fit pour son embellissement. A cet égard, on rappellera que plusieurs membres de cette éminente famille étaient gens d’église et, notamment, François II, évêque de Bayeux et Augustin Servien, prieur du même lieu.

 

 

 

                                                                                                               Jean Claude MICHEL