LA VIGNE A CLAIX

 

Culture dominante de Claix depuis les origines, la vigne, héritée de l’antiquité, remonte sans doute aux premiers fermiers gallo romains (Val d’Allières, le Cellier, la Balme…).

 

La plus ancienne des mentions connue remonte à 1058 ; on sait en effet par le cartulaire de Domène qu’une donation fut alors faite aux bénédictins d’ « une vigne et excellente vigne à Malum Consilium » (Cossey). En 1085 intervient une nouvelle donation par Vualadia de Cossey d’une autre vigne au même lieu.

 

De nombreuses reconnaissances et inféodations de vignes jalonnent ensuite les 13ème, 14ème et début du 15ème siècles :

 

-       le 5 avril 1266, Guillaume et Amblard, seigneurs de Claix, inféodent une vigne près des fossés de l’enceinte du Bourg,

-       le 20 octobre 1266, le même Guillaume de Claix reconnaît tenir de l’évêque de Grenoble divers biens et, notamment « quatre vignes au territoire de la Balme »,

-       le 21 avril 1273, dame Estibors, veuve de Chabert de Clérieu, vend ses vignes de Claix à Clémence, femme de Guichard de Claix,

-       en 1278, Guillaume Touvier reconnaît « quatre fossérées de vignes »,

-       le 11 août 1281, Isoard de Claix achète des vignes du lieu « pour 60 sous de bons viennois »,

-       le 14 février 1331, Guillaume Malicie fait reconnaissance au Chapitre Notre Dame de toutes les vignes qu’il possède à la Balme de Claix.

 

L’inventaire des biens delphinaux dressé en 1339 mentionne d’importantes vignes : « 51 fossérées estimées 50 florins annuellement (on notera qu’eu égard à son revenu, ce vignoble sans doute situé près du château delphinal devait produire du vin de grande qualité) et « 400 fossérées de vignes situées en deux endroits »dont l’estimationcommune est seulement de 25 florins de revenu annuel.

 

En 1392, le Chapitre Notre Dame vend des vignes à Claix.

 

Le 26 novembre 1404, le conseil delphinal alberge à Jean Mercier « une pièce de vigne située à Bozancieu ».

 

En octobre 1406, Michel de Claix passe reconnaissance et hommage lige de ses biens à Claix parmi lesquels figure « une vigne de 30 sétérées ».

 

En 1409 les biens de la châtellenie delphinale rapportent « 7 gros ». Il en va de même en 1411 ;

 

Durant tout le moyen âge la vigne à Ckaix constituait la culture principale. Les vignes delphinales étaient soit affermées à des tenanciers qui gardaient pour eux les 2/3 des récoltes, le dauphin n’en ayant qu’un tiers, soit travaillées par des journaliers agricoles auxquels le châtelain donnait au 14ème siècle deux sous par jour de douze deniers pour le vin.

 

Les vendanges étaient alors assurées par les corvéables qui ne touchaient aucun salaire et recevaient seulement pour leur nourriture du pain et du fromage.

 

Comme celles de la rive droite du Grésivaudan, les vignes de Claix étaient très recherchées par les bourgeois de Grenoble. Pendant les mois d’avril et de juillet, le dauphin avait à Claix le ban du vin qui était donné « à ferme pour deux quartiers de mouton ».

 

En 1412, les comptes de François de Cheyzia, châtelain de Claix, font ressortir « 2 gros ½ du ban de la vigne ».

 

En 1477, Jean Morard, notaire à Grenoble avait « 12 fossérées derrière la Balme », Claude Bœuf, également de Grenoble «  deux fosssérées sur la Balme », Michel des Diguières également « A6 fossérées in Ferrona » (Furonnières).

 

De 1468 à 1543, les comptes du Chapitre Notre Dame mentionnent de nombreuses ventes de pensions sur les vignes mais le Chapitre était alors intransigeant sur la qualité qu’il attendait de celles-ci : ainsi, le 8 novembre 1527 trouve t-on une « commission de poursuivre en justice les vignerons de la vigne de la Balme de Claix pour avoir mal fait les cultures ».

 

Dans l’hommage que fait au roi le 19 mars 1540 Charlotte d’Orléans, duchesse de Nemours, de ses revenus de la terre de Claix on trouve l’indication « 50 sols du produit du vin ».

 

En 1592, noble Hugues Belle, prêtre de la cure de Claix et de Cossey possède 2 sétérées de vigne « dessous la Ronzy ».

 

Le péréquaire de 1655 fait état de fort nombreux vignobles. Il en va de même encore près d’un siècle plus tard. En effet, l’enquête de 1730 sur les dénombrements généraux des habitants, productions et bois du Dauphiné ordonnée par l’intendant provincial de Fontanieu mentionne pour Claix « 1000 quintaux de charges de vins » (100 000 litres !).

 

Vingt ans plus tard, considérant qu’il y a trop de vignes à Claix, l’intendant provincial invite les cultivateurs à semer davantage de blé et surtout à faire des prés et de la luzerne.

 

Mais il semble que ceci n’ait guère été suivi d’effets car les parcellaires noble et roturier de 1784 mentionnent encore 22 vignerons à Claix et de très nombreuses vignes, pratiquement sur tous les coteaux, dans la plaine ainsi qu’à Comboire et à Rochefort.

 

La vente des biens nationaux du Clergé de 1791-1792 mentionnent d’importantes vignes à la Balme, aux Caillottes, près de la Robine, à Charmetière

 

L’enquête de juillet 1824 montre encore un vignoble relativement important « 69 arpents de vignes » (environ 2760 ares) et, peut être comme conséquence de cela, 7 cabaretiers.

Au début du 19ème siècle il y a,encore des vignes de part et d’autre du chemin de la Balme à Seyssins et de la Balme à Claix, vers le Croix Rolland, sous la Côte, à Malgarny, la Ronzy, Furonnières, Duatière, Garretière, la Croix, Allières, Cossey, Malhivert, Jayères et Bouveyres.

 

Enfin, on relèvera que la fanfare de Claix, constituée dans le dernier tiers du 19ème siècle, portait le nom symbolique des « vignerons de Claix ». 

 

Un cépage claixois, le Joubertin :

 

L’œuvre monumentale de P. GALET consacrée aux cépages et vignobles de France mentionne un cépage remarqué en 1835 dans une vigne de Claix par Joubert (peut être au hameau de Claix) qui a été propagé un peu partout, notamment dans la vallée de la Loire et même… jusqu’en Patagonie.

 

Très vigoureux, le Joubertin peut être conduit à un grand développement et, à la taille longue, peut donner semble t-il de 150 à 200 hectolitres par hectare. Les feuilles sont épaisses, bullées, en dents ogivales étroites, les grappes sont à ailes courtes, cylindriques, assez lâches et les grains noirs bleutés, ovoïdes et pulpeux. Le vin de Joubertin est coloré, neutre et convient notamment pour assouplir celui du Persan. Classé productif dans l’Isère au 19ème siècle, le Joubertin est encore présent semble t-il sur Claix, notamment dans les vignes de M. BARBARIN.