LA COTE
Situé
sur les hauteurs de Claix à une altitude moyenne de
Son
noyau primitif pourrait correspondre aux bâtiments anciens situés au point
dominant du « chemin de la Côte ».
Sont-ils
ce qui subsiste de l’une des maisons fortes citées dans l’enquête delphinale de 1339 non localisées à ce jour ?
L’appellatif « villa » laisse toutefois présumer un hameau, ce que
confirment au demeurant un peu plus tard les comptes de Grésivaudan, notamment
ceux de l’année 1374.
Faut-il
tenter d’y voir une origine plus ancienne ? Rien à ce jour ne l’autorise
mais la position remarquable du hameau et une tradition de cimetière pourraient
laisser présumer une origine relativement haute.
La
souche précise des bâtiments les plus anciens du hameau, situés à l’angle du
chemin de la Côte et du chemin du Mollard n’est pas connue. Hormis une
tradition orale imprécise qui en fait un « rendes vous de chasse que
Lesdiguières aurait offert à Marie Vignon » on dispose de peu d’éléments.
L’imposition
de 1566 indique pour le hameau de « la Costa » un nombre important
d’imposés, seize, sans que l’on puisse savoir qui était alors possesseur des
bâtiments du Mollard.
Au
tout début du 17ème siècle, on sait qu’ils appartiennent alors au
sieur Brun qui y fonde, le 1er octobre 1604 une chapelle. S’agit-il
d’Humbert Brun cité au parcellaire noble de 1635 ? On ne saurait
l’affirmer mais ceci parait vraisemblable.
Vingt
ans plus tard mention apparaît de « Messire Claude Brun, chanoine et
officier en l’église de Grenoble ». Celui-ci possède alors « pré,
maison, terre, verger et herme, chapelle, maison,
colombier, grange et autres bâtiments, jardin et verger à la Côte ».
Au
milieu du 17ème siècle, le domaine appartient à Claude Brun,
également chanoine de la cathédrale de Grenoble. Le 18 mai 1673, la chapelle
est visitée par Mgr Le Camus.
En
1693, mention est faite du trésorier Brun établi à la Côte mais également d’un
Pierre Brun Dangillon ayant « terres, rivoires et herme en alberge de
M. le duc de Créquy ». Ce dernier étant le gendre de Lesdiguières on
trouve eut être là la point précis de l’origine du « pavillon de chasse
offert à Marie Vignon ».
La
propriété de la Côte est vendue aux enchères en 1779 : « 150 séterées de fonds, 20 séterées de
bois, maison de maître, chapelle, orangeraie, maisons fermières avec belles
eaux ».
Le
parcellaire général de Claix du 12 mai 1784 montre que le domaine appartenait
alors aux demoiselles Le Brun qui sont imposées de
En
1787, le propriétaire de la Côte est Joseph Brun. La discontinuité entre le
patronyme Brun et les demoiselles « le Brun », dont je n’ai pas
trouvé l’origine, peut laisser naître un doute sur la relation héréditaire
existant entre les deux familles, nonobstant l’homonymie apparente.
En
1798, il y a 14 familles à la Côte représentant 71 habitants : tous sont
laboureurs ou journaliers.
Postérieurement
à la Révolution le domaine de la Côte changera fréquemment de
propriétaire : Mlle Julie de Saint Ours (1823), le chanoine de la Meyrie (1848), Paul de Saugny
(1862), Jules de Saugny (1866) et les familles Amel (1869), Blanc Cuynat (1902),
Gourde (1917), Orrol (1924), Talin
(1925), Thorand (1930)…
Le
bâtiment principal, construit en pierres appareillées, petit appareil et
maçonnerie de blocage indique assez homogènement les
17ème et 18ème siècles. Toutefois, le pavage de certains
sols du rez de chaussée, une porte bouchée sous
l’escalier extérieur du 18ème siècle et surtout deux encadrements
gothiques de portes intérieures traduisent assurément une origine plus ancienne
de la construction.
Récemment,
sur le mur nord, on a découvert une fenêtre à meneau simple bouchée à une
époque indéterminée.
La
chapelle fut fondée le 1er octobre 1604 par le sieur Brun. Son
prénom n’étant pas mentionné on ne sait s’il s’agit d’Humbert Brun qui apparaît
comme possesseur de la Côte en 1635. La chapelle est de nouveau mentionnée par
le parcellaire de 1655.
Le
19 mai 1673, le secrétaire de Mgr Le Camus visite cette chapelle et note
« … aynat visité les trois chapelles qu’il y a
dans l’étendue de la paroisse par ordre de Monseigneur, j’ai trouvé que celle
qui est dans la maison du sieur Brun, chanoine de la cathédrale, est sous un
colombier contre une cour à gauche en entrant. Dans la cour, ayant fait
connaître audit Brun que les règles que Monseigneur prescrit pour les chapelles
domestiques est qu’elles ne soient attachées à aucun bâtiment, qu’il n’y ait
rien ni dessus, ni dessous, qu’elles soient propres et qu’il y ait quelque
fondation. Il a dit qu’il la mettrait sur ce pied dans moins de trois mois,
qu’il fera raser le colombier au dessus de la voûte, fera abattre le four, fera
ôter la terre derrière qui la rend humide… ».
Les
travaux promis interviennent non dans le délai fixé mais quelques années plus
tard. Dès lors, on peut se demander si la chapelle fut simplement débarrassée
des constructions parasites où, comme j’incline à le penser, s’il n’y eut pas
véritable reconstruction car la chapelle est aujourd’hui située non à gauche en
entrant mais à droite.
Ce
qui pourrait abonder en ce sens est un acte du 1er octobre 1681
portant « fondation de la chapelle de M. Brun à Claix dans sa maison
située à la Coste ».
La
chapelle existe toujours. Haute de quatre mètres, percée de deux ouvertures au
nord – une porte et une fenêtre – elle ne conserve aucune inscription.
Selon
le témoignage d’une ancienne propriétaire, la chapelle possédait encore en 1914
son autel et la fenêtre était garnie d’un vitrail.
Il
convient de signaler que le pré situé à l’est et en contrebas des bâtiments
passe pour avoir été « un ancien cimetière ». Une tradition orale
précise même que le cimetière était double avec un emplacement pour les
« riches » et un autre pour les « pauvres ». Une dalle
aurait été exhumée, m’a-t-on dit, au début du 20ème siècle.
J’ai
personnellement procédé le 1er février 1986 à quelques rapides (trop
rapides ?) sondages ; ils n’ont rien révélé. Toutefois, à une date
postérieure, lors de la réfection du mur qui borde le chemin du Mollard les
ouvriers auraient trouvé « de nombreux ossements ».
Ceci
amène à s’interroger sur le type de ces inhumations : trois hypothèses
sont envisageables : nécropole du haut moyen âge, charnier temporaire
conséquent à une période d’épidémie ou sépulture des anciens chanoines.
Enfin,
la physionomie des lieux a du être quelque peu modifiée au milieu du 19ème
siècle dans la partie ouest du hameau par l’ouverture du chemin de la Côte au Peuil avec embranchement sur Malhivert,
ledit chemin ayant été créé par délibération du conseil municipal en date du 18
décembre 1853.
A
peu de distance de l’ensemble décrit ci avant, une autre demeure présente un
intérêt historique évident : il s’agit de celle anciennement connue sous
l’appellation de « Maison du Métayer » qui existait déjà en 1784 et
sans doute très antérieurement. L’histoire de cette demeure apparaît
étroitement liée à celle des bâtiments précédemment évoqués car le parcellaire
mentionne un propriétaire commun. Seule l’ouverture de la route de Malhivert a du être la cause du morcellement.
Doivent
encore être mentionnés deux bassins de pierre, dont l’un situé au bord du
chemin montant au Peuil fut construit ensuite d’une
délibération du 13 novembre 1874 et les traces d’un routoir déjà répertorié en
1784.
Mas de la Coste :
Ce
mas, distinct du hameau, est mentionné sur le parcellaire de 1784 à l’ouest de Furonnières et à l’est de la Côte.
Il
se compose alors d’un habitat assez dense au bord du chemin public tendant de
la montagne à la Côte (aujourd’hui chemin du Mollard).
Les
principaux propriétaires fonciers sont alors Jean Mure (maison et dépendances,
verger, bassin et près), Jacques Ogier (maison,
jardin, herme), François Gachet (maison, jardin, plaçage), Magdelaine Odou veuve de Joseph Eymard
(maison, cour et jardin).