EPOQUE PRE ROMAINE
On
entend généralement par « époque pré romaine » celle qui a
immédiatement précédé la conquêt romaine, c'est-à-dire pour notre région
l’époque dite de la Tène – du nom de la station
éponyme découverte en Suisse à l’extrémité orientale du lac de Neuchâtel – ou
deuxième âge du fer, qui débute au 5ème siècle avant notre ère pour
s’achever vers – 121, époque de la première organisation par les romains de la
« Provincia ».
A
compter du 5ème siècle avant notre ère s’amplifie un courant d’échanges
commerciaux d’une part en direction de la plaine du Pô et de l’Etrurie par le
Mont Genèvre et d’autre part avec la colonie grecque de Massilia
par le col de la Croix Haute et la vallée du Rhône.
Mais
les influences grecques, si nombreuses en Provence et en Haute Provence restent
limitées dans notre région ; tout au plus peut on mentionner des fragments
d’amphores massaliotes à Saint Loup (Vif) et à Drabuyard
(plaine du Lavanchon à Varces)
ainsi qu’une obole grecque à Rochefort.
L’invasion
des Celtes inaugure cette période de la Gaule indépendante mais les tribus
spécifiquement gauloises semblent n’avoir imprégné que très progressivement les
autochtones de notre région.
On
retiendra seulement ici pour Claix et ses proches environs les découvertes
faites au Grand Rochefort (vases, céramiques, fusaïole, monnaies gauloises) et,
surtout, celles récentes liées aux fouilles effectuées sur le tracé de
l’autoroute A 51 dans la plaine du Lavanchon
(établissements laténiens de Champ Nigat et de Drabuyard), vestiges
fragmentaires de Rochedure et sur le site de l’Achard.
Les greniers laténiens de la plaine du Lavanchon :
Plusieurs
établissements ruraux gaulois ont été découverts lors des sondages de 1996 dans
la plaine du Lavanchon, notamment à Champ Nigat et à Drabuyard. Ils étaient
matérialisés par des enclos et des petites constructions quadrangulaires sur
poteaux (six trous de poteaux ont été repérés dans le sens de la longueur pour
la construction la mieux conservée) pouvant correspondre à des structures de
greniers surélevés destinés à la conservation des récoltes. Cette surélévation
était rendue nécessaire tant, semble t-il, pour éviter les remontées d’humidité
que l’intrusion d’animaux rongeurs. Ces greniers laténiens,
inédits pour la région, montrent l’ancienneté de la mise en culture de la
plaine de Claix et de Varces et l’origine fort
ancienne d’une tradition agricole sédentaire.
La question
Hannibal :
Hannibal
est-il passé à Claix ?
Vaste
problématique qu’il serait vain de vouloir résoudre. Rappelons seulement que
Polybe, pour se faire une opinion sur les récits déjà controversés qui
couraient à son époque sur la traversée des Alpes par le général carthaginois,
refait – vers 150 avant notre ère – le parcours tant étudié depuis des
évènements de 218 avant notre ère, déclare alors : « je puis parler
de ces évènements avec assurance parce que je tiens mes renseignements de
témoins contemporains ( ?) et que j’en ai visité le théâtre au cours d’un
voyage que j’ai fait dans les Alpes pour observer de mes propres yeux ce qui en
était ».
Près
de 150 ans après lui, Tite Live, on le sait, reprendra en partie ses écrits,
les mêlant à d’autres sources non identifiées pour tenter également de
reconstituer la fabuleuse épopée.
« Avec
l’appui des Allobroges – dit Polybe – et pendant dix jours, Hannibal longe
l’Isère sur 800 stades (environ
Même
si les écrits de Polybe et de Tite Live divergent ensuite sur la traversée des
Alpes, du moins s’accordent-ils sur cette partie d’itinéraire, comme l’ont fait
après eux la presque totalité des nombreux auteurs qui ont cherché à
reconstituer le parcours mythique.
L’extravagante
armée, composée encore lors de sa traversée du pays Allobroge, de 38 000
fantassins, 8000 cavaliers et 37 éléphants aurait donc longé l’Isère, soit
jusque vers Pontcharra si l’on opte ensuite pour le col du Cucheron,
soit jusqu’au confluent de l’Arc et serait donc nécessairement passée par ce
qui deviendra Cularo.
Telle
est l’opinion de nombre d’auteurs au titre desquels on peut citer Camille
Jullian, Paul Azan, Guy Barruol,
Roger Dion, Jean Prieur et, bien évidemment, Serge Lancel,
grand spécialiste du punique. Celui voit du reste Hannibal traverser le Drac à
hauteur de Comboire.
En
effet, venant de la cluse de Voreppe et se tenant sur la rive gauche de
l’Isère, celui-ci ne pouvait guère la traverser : il faudra attendre 175
ans pour que Munatius Plancus
jette – en 43 avant notre ère – le premier pont attesté sur l’Isère.
Or
si l’Isère était quasiment infranchissable, il n’en allait pas de même pour le
Drac ; avant d’être canalisé, celui-ci se divisait en plusieurs bras et
son franchissement ne constituait pas un obstacle sérieux, surtout à la fin de
l’été (époque des faits) où il devait être pratiquement à sec.
Ø
pour
plus de précisions, voire dans le présent site Internet la rubrique
« Hannibal ».
Claix, territoire
allobroge :
L’origine
des Allobroges reste fort mal connue. On pense que ce peuple pré romain serait
arrivé – sans doute d’Europe Centrale – vers 450 avant notre ère et qu’il se
serait sédentarisé dans les basses plaines jusqu’alors délaissées :
Voreppe, Sassenage, Fontaine, rives de l’Isère…
Si
l’on ne connaît toujours pas l’origine réelle des Allobroges, on sait néanmoins
que leur nom pourrait dériver de la déesse Allobrox
dont une dédicace a été découvert en 1857 à la Bâtie Montsaléeon
dans les Hautes Alpes.
Dès
au moins la fin du 3ème siècle avant notre ère, les Allobroges
occupaient continûment les deux rives de la moyenne Isère lorsque cette vallée
fut empruntée par l’armée carthaginoise d’Hannibal.
Leur
immense territoire fut annexé par les romains à la Provincia,
qui deviendra ultérieurement la Narbonnaise, dès 121 avant notre ère.
Il
convient quelque peu de s’attarder quelque peu aux limites de ce territoire qui
nous intéressent particulièrement ici, celles de la région grenobloise.
Bernard
Rémy, dans une étude décisive, considère que la frontière des Allobroges était
située nettement au sud de Grenoble et, contrairement à la plupart des auteurs
qui s’en tenant à une interprétation littérale des termes de Plancus (« Cularo ex finibus Allobrogum »)
estimaient que le territoire des Voconces commençait
dès la rive gauche de l’Isère à Grenoble (notamment Champollion Figeac) ou
immédiatement aux confins de celle-ci (Prudhomme, Allmer, Barruol…) il propose une
nouvelle lecture de ces termes. Pour lui, l’expression signifie bien « en
territoire Allobroge » et non « sur la frontière ».
Conséquemment, il fixe la limite du territoire des Allobroges à l’est de Pariset et d’Echirolles mais semble considérer que Claix
pouvait déjà se situer en territoire voconce. Or, les
fouilles du site de l’Achard sur Varces
ont révélé, en 1995, les traces d’une agglomération secondaire, au bord de la
voie romaine, qui assurait selon toute vraisemblance le contrôle des voyageurs
et des marchandises. Il faut se souvenir à cet égard que Grenoble était, à
l’époque romaine, le siège d’un important bureau de la « Quadragessima Galliarum »,
c'est-à-dire de l’impôt douanier dit du « quarantième des Gaules »
qui frappait d’une téxe de 2,50 % toutes les
marchandises transportées. Il apparaît aujourd’hui que la frontière entre les civitates des Allobroges et des Voconces
était justement située à l’Achard. De ce fait, le
territoire de Claix se situait donc bien en territoire allobroge.
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Pour plus de précisions, voir dans le présent site Internet, la rubrique
« Cularo » et, notamment « Grenoble
antique ».