Ces claixois morts loin de leur patrie

 

Une simple boite en carton des archives municipales de Claix (classée « E ») conserve le témoignage de bien de souffrances et, tout particulièrement, celles de soldats morts loin de leur patrie, notamment lors des guerres de Crimée menées par Louis Philippe et Napoléon III ou lors de la conquête de l’Algérie. La plupart de ces soldats sont décédés en raison des mauvaises conditions dans lesquelles ils devaient vivre ou de blessures reçues lors de combats sporadiques.  

 

En voici quelques témoignages :

 

                                               «  Service des Hôpitaux militaires

                                                           Extrait mortuaire

                                                           Armée d’Orient

 

                        Hôpital militaire de Constantinople (Maslak n° 1) (Nota : l’un des quartiers d’Istanbul)  

 

Nous, soussigné, Paul Célestin Rio, adjudant en premier, comptable du service des hôpitaux militaires remplissant les fonctions d’officier de l’état civil, certifions qu’il résulte du registre destiné à l’inscription des actes de l’état civil faits hors du territoire français pour le service des hôpitaux militaires que le nommé François Pierre BRUN PICARD, fusilier à la 4ème compagnie du 2ème bataillon du 62ème régiment d’infanterie de ligne, né le 4 janvier 1833 à Claix, canton de Vif, département de l’Isère, signalé au registre matricule sous le n° 5351, fils naturel de Françoise BRUN PICARD domiciliée à Claix, département de l’Isère, est décédé à l’hôpital militaire de Maslak n° 1 le 7 avril 1856 à neuf heures du soir par suite de typhus d’après la déclaration à nous faite le même jour par les trois témoins mâles et majeurs voulus par la loi, lesquels ont signé au registre avec nous ».

 

                                               « Hôpital militaire de Constantinople

 

Le sieur VIAL Joseph Alexis, soldat à la 1ère compagnie du 7ème bataillon de la 1ère compagnie du 7ème bataillon des chasseurs à pied, immatriculé sous le n° 2300, né le 7 mars 1831 à Claix, fils de Joseph et de Marie CORREARD est entré audit hôpital le 23 du mois d’août de l’an 1853 et y est décédé le 23 du mois de septembre de l’an 1853 à 5 heures du jour par suite d’amputation du bras gauche ».

 

Idem pour Pierre REVOL, chasseur au bataillon de chasseurs à pied de la garde impériale, 9ème compagnie, né à Claix le 11 octobre 1829, fils de François et de Catherine BARDONENCHE, décédé le 22 juin 1855 du choléra ».

 

                                               « Hôpital militaire de Philippeville, armée d’Afrique

 

Jean Vallet, natif de Claix, y décède le 30 septembre 1841 de pneumonie »

 

 

                                               « Hôpital de Bougie, Algérie

 

Jean François Ferdinand Chabanne, 2ème régiment de la 4ème compagnie du 1er bataillon du Génie, immatriculé sous le n° 11227, né à Claix le 19 mars 1822 y est décédé le 31 juillet 1846 par suite d’une chute ».

 

                                               « Hôpital militaire de Coléals, Algérie

 

Il est là question, une fois n’est pas coutume, d’une pauvre femme, veuve d’un soldat : le 8 décembre 1846, y est décédée Dominique Gaillard, veuve Bercher, née à Claix et décédée de dysenterie et de marasme ».

 

                                              

 

Moins loin de nous, on évoquera également ces soldats décédés sur le territoire français, ainsi :

 

à Strasbourg, le 5 avril 1825, Christophe Gaillard, fusilier au 54ème régiment de ligne (cause du décès non précisée),

 

à Clermont Ferrand, le 29 juillet 1834, Joseph Revol, célibataire, âgé de 24 ans, natif de Claix, soldat au 56ème de ligne, fils légitime de Jacques Revol cultivateur (cause non précisée),

 

à Toulouse, le 21 décembre 1843, André Reymond fils de André et de Magdelaine Gorgy, 2ème canonnier servant à la 7ème batterie du 12ème régiment d’artillerie en garnison à Toulouse (cause non précisée),

 

à l’hôpital civil de Cahors, le 24 août 1844, Etienne Marque, fusilier au 15ème régiment d’infanterie de ligne de phtisie pulmonaire,

 

à Rodez, à l’hôpital civil, Etienne Chabannes (frère de celui nommé ci avant), chasseur au 3ème régiment d’infanterie légère, 3ème bataillon, matricule n° 16031, décédé de fièvre typhoïde,

 

à Beauvais, à l’hôpital civil, Jean Eugène Olivet, chasseur de 2ème classe au 1er régiment, 1er escadron, immatriculé sous le n° 1212, né à Claix le 17 février 1828 de Joseph et de Marie Mazet, décédé le 24 juillet 1852 de péritonite,

 

à Caen, le 5 novembre 1863 à l’hôpital militaire, Henri Genin, militaire au 33ème de ligne, âgé de 22 ans et 3 mois, né à Claix, fils de Joseph Genin et d’Henriette Blanc (cause non précisée),

 

à Paris, à l’infirmerie des Invalides, en 1865, Joseph Morin, soldat de la 10ème division de l’hôtel impérial des Invalides, célibataire, né à Claix le 10 janvier 1813, fils de Joseph et de Madeleine Adélaïde Blanchon, décédé de paralysie générale,

 

et encore :

 

Claude Blanchon, gendarme de la 2ème brigade, décédé de balle dans la hanche à l’hôpital Dieu de Paris le….. 1872,

 

Casimir Revol du 12ème chasseurs d’escadron, né à Claix le 3 août 1846 et décédé à l’hôpital miliaire de Gros Caillou à Paris de maladie pulmonaire le 21 février 1873,

 

Jules Pierre Vial, dragon de 1ère classe du 26ème régiment, 2ème escadron, né à Claix le 11 février 1852 décède à Tarascon le 7 août 1874 de fièvre typhoïde.

 

Triste litanie !

                                                                                                           

 

 Jean Claude MICHEL