BOZANCIEU
Du
nom de ce hameau, connu par le parcellaire de 1784, il ne reste rien, pas même
un lieudit. Et pourtant, il remonte assez haut dans l’histoire sous des formes
nominales différentes : Bonsanciaco en 1374 dans
les comptes de Jean de Villars, châtelain de Claix, et en 1404 dans un albergement de ses vignes par le conseil delphinal à Jean Mercier, Bosancu,
Bouzancy, Boujincy, Bougency au cours des siècles suivants.
Ce
toponyme a en outre eu une certaine notoriété puisque le rocher de Comboire s’appelait au moyen âge « Roc de Bozancieu » et les digues du Drac, en dessous, étaient
dites « de Bozancieu ».
Durant
les guerres de religion un fort y fut même édifié. Celui-ci, dont il ne reste
pas pierre sur pierre, nous est connu grâce aux « actes et correspondances
de Lesdiguières ».
Au
cœur de l’été 1588, devant l’insolence des ligueurs qui tenaient le haut du
pavé à Grenoble, la Valette, commandant l’armée royale, fit alliance contre eux
avec Lesdiguières. Celui-ci saisit cette occasion pour prendre l’avantage sur
les grenoblois et en profita pour faire édifier, sans tarder, en rive gauche du
Drac, une redoute commandant les accès du port et du bac de Claix.
Parti
d’Embrun le 4 août, il est à la Mure le 18 et arrive le lendemain à Claix où le
capitaine Jehan, qui l’avait précédé, traçait sur ses ordres le « fort de Bozancieu ».
Le
20 du même mois arrive à son tour M. de Grignan. On commence à travailler audit
fort avec environ 700 « pionniers » (connaissant les méthodes de
Lesdiguières il s’agissait sans doute de paysans requis d’office) et trois
jours plus tard il y en eut plus de 1100.
Le
1er septembre, quatre pièces de canons de M. de Morges arrivent à
« Bozancy ».
Le
10 octobre, Lesdiguières qui entre-temps était reparti à Mens revient inspecter
les travaux de construction du fort. Le 17, ce dernier est de passage à la Mure
et Ponsonnas ; il est rejoint par le capitaine
Jehan, revenant de Bozancy « laissant la
fortification faute d’argent ».
On
ne sait si le fort était alors achevé car, à compter de cette date, suit une
lacune de quinze mois dans la correspondance de Lesdiguières. Toujours est-il
que celui-ci revient le 9 mars 1589 à Bozancieu où
commence à se traiter la trêve en Dauphiné.
Celle-ci
est signée le 28 du même mois avec Alphonse d’Ornano, nouveau lieutenant
général pour la Province. Entre autres dispositions, cette trêve conclue pour
une durée de 21 mois prévoit la démolition du fort de Bozancieu.
Après
de longues tergiversations, Lesdiguières consent à cette démolition moyennant
une démolition de
Le
30 mars 1589 il quitte définitivement « Bozanzy »
pour Mens et sa correspondances ne mentionne plus dès lors le fort de Bozancieu.
On
peut s’interroger sur la nature exacte de la construction : s’agissait-il
d’un solide ouvrage ou au contraire d’une simple redoute en pierres sèches et
terre battue ?
Tout
semble plaider pour cette seconde hypothèse car les recherches sur les lieux
supposés ne révèlent aucune substruction ni des réemplois dans les fermes des
environs. L’emplacement exact du fort est également sujet à controverse. Le
site le plus probable parait être une légère éminence dominant le Drac au nord de l’actuelle clinique du coteau.
En
1655, le mas de Bozancieu semble appartenir tout
entier au « sieur de Bozancieu ». Le
parcellaire le situe comme étant limité au nord par les Balmes,
au sud par le mas de la Cloche, à l’ouest par le mas de Champ Pourri et à l’est
par le Drac.
L’essentiel
des terres appartiennent alors, à concurrence de 19 192 toises (
Le
souvenir du fort perdurait encore car on trouve dans la description de la
parcelle de Barthélemy Rochas cette mention : « terre située à Bozancieu et au fort ».
La
clinique du coteau occupe aujourd’hui l’essentiel de l’ancienne propriété de
Philippe la Balme.
Mas dépendant de Bozancieu :
Le
mas de Malgarny appartient en 1655 au sieur Le Poivre
de Bozancieu qui y a terres et prés.
Sur
le parcellaire de 1784, ce mas est limité au nord par le vieux chemin public
tendant de Claix à Pont de Claix et à l’est par le mas de Fond Ratel.
Il
se compose pour l’essentiel d’un grand domaine, celui de la demoiselle
Marguerite la Balme, épouse de Gaspard Laurent, receveur des tailles de Chapareillan : maison, communs, grange, cellier, four,
basse cour, jardin, terre garnie de hautains, autres terres et bois.
D’autres
propriétés appartiennent alors aux Dames Carmélites, prolongeant leur domaine
de la Chièze, au sieur Royer, avocat, à Mme de Lachalm (noyeraie) et à Coste
(terre avec roussoir).
Le
mas de Champ Pourri est composé en 1784 d’un seul domaine appartenant à Mme de
la Ponte. Pour l’essentiel, c’est une plantation de noyers.
Le
mas de la Cloche, situé au sud du hameau de Bozancieu,
est composé de prés, terres, hautains, noyeraies et
vignes.
Les
principaux propriétaires fonciers sont en 1784 Philippe la Balme, Barthélemy
Rochas et le sieur Bonnet Dumollard de Furonnières.
Le
mas de la Croix à l’Eypina semble tirer son nom d’un
évolutif du mot « spina », le buisson
épineux.
En
1784 il appartient pour l’essentiel à la communauté de Claix, à la demoiselle Pillon (vignes), à Michel Chenal et à Mme de Lachal (noyeraie).