L’AN MIL

 

La fin du 10ème siècle et le début du 11ème siècle voient se transformer profondément la société et l’on dispose là de sources d’archives qui permettrent de comprendre les mutations qui interviennent alors.

 

Ce serait l’évêque Isarn (vers 950-975) qui, par une politique vigoureuse, aurait donné le coup d’envoi d’un ressaisissement général et d’une nouvelle prospérité en repeuplant son diocèse dévasté distribuant, moyennant allégeance, terres et châteaux.

 

Mais c’est surtout Saint Hugues qui, au cours de son long épiscopat (1080-1132) assoira la puissance de l’église en ramenant son clergé à l’obéissance et en procédant à la reconquête des biens de l’église de Grenoble qu’il défendra contre les empiètements des archevêques de Vienne et les abus de pouvoir des premiers dauphins.

 

Pour ce qui concerne notre région, le 4 août 1030, une matrone de Vif, Léotgarda et ses fils donnent au monastère de Saint Chaffre en Velay les églises de Sainte Marie, Saint Jean, Saint Etienne et Sainte Marie de Bréga.

 

Peu après sont données à Domène, prieuré clunisien, les vignes de Cossey et une autre matrone, Vualdiade, fait donation en 1085 à l’église du lieu de terres, saussaies et curtils.

 

C’est le troisième cartulaire de Saint Hugues généralement daté de vers 1100 qui donne la première liste des églises existant dans l’archiprêtré de Grenoble, dans celui de Vienne et dans celui d’au-delà du Drac, qui nous intéresse ici, et de leur revenu.

 

Sont ainsi citées :

 

- ecclesia S. Johanis de Viv (Saint Jean de Vif)                                             12 deniers

- ecclesia Ste Marie de Viv (Sainte Marie de Vif, église disparue)                 4 deniers

- ecclesia Ste Trinitatis (Sainte Trinité, église disparue)                                  6 deniers

- ecclesia Sancti Sulpiti 5Saint Sulpice, église disparue)                               6 deniers

- ecclesia Sancte Marie de Costa (Notre Dame sous Vigne, disparue)        6 deniers

- ecclesia de Rivo Sicco (Risset)                                                                                    12 deniers

- ecclesia Sti Petri de Varsea (Saint Pierre de Varces)                                  12 deniers

- ecclesia Sancti Pauli (Saint Paul de Varces)                                                            12 deniers

- ecclesia Sancti Marcellini (Rochedure de Varces ?)                                               12 deniers

- ecclesia de Chabotis (Chabotte de Vif)                                                            6 deniers

- ecclesia de Clais                                                                                                 12 deniers

- ecclesia de Consiliis (Cossey)                                                                           6 deniers

 

En ce qui concerne les châteaux, la donation faite par le comte Guigues le Gras à sa fiancée Agnès le 10 mai 1070 montre qu’à cette époque existaient déjà (depuis combien de temps ?) le château de Varces et celui d’Uriol.

En ce qui concerne le premier cité, il s’agit du château construit sur la colline Saint Géraud qui offre encore d’importantes ruines ; au début du 19ème siècle, H. Müller y a découvert une monnaie des évêques de Lausanne du 11ème siècle. Un Athénulphe de Varces est également connu en l’an 1096. Le château d’Uriol, qui était situé sur le rocher de Saint Loup à Vif, a totalement disparu.

 

D’autres châteaux locaux sont également attestés au 11ème siècle : c’est le cas notamment du château du Gua édifié selon toutes probabilités sur une motte castrale de l’an Mil.

 

On peut penser que les châteaux de Claix et d’Allières existaient sans doute sous une forme primitive. Enfin, l’on sait que la demeure forte de Marcelline existait déjà puisque le cartulaire de Saint Hugues la mentionne.